Sans titre, Partie II


Partie I, ici.

Luz avait le bras atrophié, couvert de cicatrices rougeâtres en longues trainées. Trop jeune pour se souvenir, les circonstances du drame lui restaient interdites, sa mère s’enfermant dans un mutisme furieux dès qu’elle tentait d’y faire allusion. Elle ne conservait de tout cela que ce bras raide et malhabile, ces doigts qu’elle peinait à fermer et la sensation épuisante de mille aiguilles chauffées à blanc plantées et replantées en permanence le long de sa chair. Une douleur lancinante, crépitant de la pulpe de ses doigts et irradiant jusqu’aux épaules. Douleur qui, malgré tout, lui rappelait avec un semblant de soulagement, que la peau demeurait bien vivante sous son abord boursoufflé.

Quelques mètres encore et elle entrerait dans le bâtiment principal, absorbée par sa rassurante pénombre, pourrait alors récupérer discrètement ses affaires dans les vestiaires, puis sans bruit échapper aux deux mégères qui étaient la source de ses ennuis. Il ne lui resterait plus qu’à se diriger vers la sortie et courir tête baissée dans l’aveuglante clarté de l’après-midi. Mais au moment où elle s’y attendait le moins, où elle se voyait déjà dehors ivre de liberté, une main l’avait brusquement tirée en arrière, la déséquilibrant. Elle n’avait pu se défendre, pieds traînant contre le gravier, tirée comme une poupée sans force à l’écart des aires de jeux. Ils l’acculèrent dans un recoin discret à l’abri de tous regards, faisant cercle autour d’elle, lui bloquant toute retraite.

Texte : Louise Imagine

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