« Couleur » – Échange avec Maryse Hache @marysehache #vasesco #vasescommunicants


« Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. » Vases Communicants

J’ai la grande joie de recevoir ici même Maryse Hache, dont le travail subtil et délicat m’émeut depuis si longtemps qu’il m’a fallu beaucoup de courage pour lui proposer cette collaboration. Je ne peux que chaudement vous recommander la lecture d’ « Abyssal Cabaret » sur Publie.net ainsi que de ses belles contributions à la remarquable revue D’ici là. N’hésitez pas également à flâner sur le site « Les 807 » pour y découvrir ses délicieux textes.

Quand à ma participation aux Vases Communicants de ce mois-ci, vous pourrez la retrouver sur le site de Maryse, si le cœur vous en dit.
 

Merci également à  Brigitte Célérier, qui regroupe vaillamment et avec tant de patience l’ensemble des échanges du mois sur son site dédié.

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Couleur

1.

imagine

je suis pointée là dans l’éloignement arrêt sur image de cette petite fille en robe pourpre manches roses cheveux bruns et longues socquettes blanches seule sur cette route ombreuse droite puis méandres fond de cadre  l’italie  la toscane du bellay clarté du jour pâles esprits et vous ombres poudreuses brusquement touchée je me promène aussi lumière couchée sur la route violet de la nuit sur la robe ça embaume lignes des ombres couchées lignes des arbres debout pas à pas vers à venir ennuagé pied levé empêché devant quel degré marchante arrêtée immobile et allante à la fois jour et nuit à la fois sur ce petit muret où elle se tient droite cadre qui laisse large place à la route sableuse appel gauche cadre en arrondi bleu d’eau

elle s’en va
elle s’en va
conquérante lilas
en campagne

déesse gradiva
lancée sur les chemins
le vert en aubade

toujours immobile
toujours en marche
effroi du pourpre
beauté du pourpre

(louise Imagine)

2.

imagine

je lis les phrases du vent
je lis les phrases des vagues

là-bas dans le vert pré du saule-pleureur
au-delà des frissons frou-frou en feuillage tilleul
la-haut en glissement de blancs nuages sur bleu

là-bas en écran mémoire bretagne sable brillant
entre doigts de pieds d’enfance
petits crabes et crevettes creux rochers bruns à l’estran

vent écrit visuel fond de cadre et sonore premier plan
vent frôle en vagues vent s’en va tilleul se tait
vent revient  et lui fait balancelle

les phrases font leur danse pourpre
chanson des rochers près du varech
elle bruissent écume et coquillages

3.

imagine

je lancerai paperolles myosotis par-dessus ponts des images
et les chaussettes seront bien raccommodées dit louise weiss
il y a du vent

je lancerai paperolles pervenche par-dessus les nuages
et les rivières seront bien chantées
il y a des rêves

je lancerai paperolles centaurée par-dessus les vallées
et les draps enfance seront bien rythmées
il y a du sable

je lancerai paperolles bourrache par-dessus les coeurs
et les vagues seront bien pliées
il y a du murmure

je lancerai paperolles chicorée par-dessus les futaies
et les murs seront bien dans la gueule du loup
il y a des mâchicoulis

je lancerai paperolles iris par-dessus les vestiaires
et les pylônes seront bien épuisés
il y a des blessures

je lancerai paperolles bruyère par-dessus l’amour
et les vaches seront bien gardées
il y a des cerceaux

(Maryse Hache)

4.

côté rue de l’autrefois montléry ça fait bien peut-être soixante-dix ans quatre-vingts quatre-vingt-dix -se pourrait cent-dix – que lilas est au rendez-vous du fleurissement juin en grappes bouclées violet; grappes juillet 13 2012  en brunes graines

ça a bien fait peut-être soixante durant que la voisine annnette d’en face vantait beauté du spectacle qu’elle disait attendre à sa fenêtre de presque l’été ça lui faisait coussin bonheur – « les coupez pas trop court, les verrai plus »

elle a remballé ses grappes à elles un jour de novembre après cent trois de vue sur vie – j’astique je cuisine je lessive j’époussète je range j’argenterise couverts et gobelets baptême je repasse je plie draps lavande je bêche – « ma p’tite lise vous m’achètriez pas échalotes le fils m’a tué un lapin à la chasse mais j’ai rien pour l’accomoder cocotte et mon p’tit fils vient déjeuner » –

dix ans ça fait peut-être qu’on ne voit plus de clé descendre au bout d’une ficelle le long de la façade depuis la fenêtre du premier étage – ah c’est vous; attendez, j’vais chercher la clé –

les lilas s’en souviennent vert et pourpre

« vous étiez assise sur le mur, mad’moiselle lise, du côté de l’autre lilas, celui de perse aux branches plus souples et aux grappes qui penchent et vous chantiez ma petite est comme l’eau elle est comme l’eau vive, vous attendiez vos parents »

ça pourrait faire peut-être soixante qu’elle ne chante plus l’ennui sur le mur côté rue mad’moiselle lise

j’ai toute une vie dans mes chaussures et il se remet à pleuvoir

il pleut c’est l’été

(Maryse Hache)

Texte  : Maryse Hache

Photo 1  : Louise Imagine

e dessins  : Maryse Hache

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