Leucosélophobie métaphorique, par Alain Mouton #vasesco #vasescommunicants


Leucosélophobie métaphorique

 

Voilà devant moi l’immensité du blanc ; une page vierge de toutes traces, un syndrome du vide, un abyme du sens. Un apprêt monochrome et lumineux accompagné par un silence lourd mais bienfaiteur. Je profite un peu du paysage immaculé et m’abandonne à la contemplation.
Une sensation schizophrénique me traverse ; je suis à la fois paralysé comme si un froid polaire pénétrait chaque pore de ma peau pourtant suffisamment protégée par une succession de couches calendaires, et exécute aussi sur place des petits bonds tel un boxeur impatient d’en découdre avec son rival.
Les axones tendus n’ont plus qu’à communiquer à mes neuro-huskys l’ordre du départ.

 VaseCo-Juillet-2014-01

Les premières empreintes hésitantes de mon traineau à plume gravent des pleins et des déliés qui dessinent des lettres, puis bout à bout des mots et des syntagmes. Des phrases sans emphase se forment. Je prends un peu plus d’assurance après quelques lignes et me libère en complexité lexicale.
Je m’abandonne à une ivresse laiteuse et slalome alors entre mes pensées que le froid avait figées. D’une main caressante je les débarrasse de leurs particules de glace. Des nuées de cristaux volent et scintillent sous la lumière naissante ; ils m’encouragent dans ma quête.

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Au fur et à mesure que je rempli ce blanc j’ai la sensation de m’approcher de cette butte ultime. Celle qui me paraissait une montagne à gravir se révèle au final qu’un obstacle franchissable. J’ai pris de l’assurance mais suis très loin d’être un véritable musher des mots. Je reste novice et à la place qui est la mienne mais prends un grand plaisir à glisser entre ces assemblages de signes. Je sculpte des allégories abstractives, celles qui m’entourent par l’image depuis quelques années, et joue avec les sens pour révéler les subconscients.

 

VaseCo-juillet-2014-03

 

Texte : Alain Mouton

Photos : Louise Imagine

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C’est avec grand plaisir que j’accueille Alain Mouton pour débuter en beauté ce beau mois de juillet. Nous ne sommes pas à notre première collaboration puisque Alain et moi participons à Fragmentaires, un site construit autour de l’échange, de l’écriture et de la photographie, site que nous partageons avec Aaron. 

C’est donc tout naturellement que ces collaborations se sont prolongées pour les vases communicants. Et quelle joie d’avoir Alain, ici, sur Il pleuvra demain !

Je vous invite à visiter son très beau site où se mêlent pixels et pigments. Comment présenter la beauté épurée et émotionnelle de ses œuvres ? Peut-être simplement vous dire que l’on chemine, le souffle coupé et le cœur battant, à travers ses montagnes, titanesques, et ses horizons lointains. N’hésitez pas à vous perdre dans son univers minéral aux lignes denses et délicates, entre lesquelles matières, textures et sensations bouillonnent. Il y a dans ces instantanés la force brute de la nature, l’émotion pure que seules les forces élémentaires peuvent nous insuffler. Et la beauté du regard d’Alain.

Merci à lui d’accueillir mon texte, un début de roman, dans ses voyages introspectifs.

Merci à Brigitte Célérier, qui regroupe vaillamment  l’ensemble des échanges du mois sur son site dédié.

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« Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. » Vases Communicants

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