Vase communicant avec @allerarom #vasescommunicants



C’est avec grande joie que je reçois aujourd’hui Allerarome.  Je ne saurais que vous conseiller d’aller visiter son très joli site : Rêve littoral.

L’idée directrice de notre échange : chacune de nous a proposé une phrase servant de point de départ à l’écriture de l’autre.

Vous pouvez retrouver ma participation à ces premiers vases communicants de l’année 2013, inspirée de la phrase que m’a proposé Allerarome :  » Elle préférait  le désordre des choses et les verbes désaccordés « 

Merci à Brigitte Célérier, qui regroupe vaillamment et avec tant de patience  l’ensemble des échanges du mois sur son site dédié.

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Merci à Louise de m’accueillir sur il pleuvra demain.

Merci pour cette idée qui nous a permis d’écrire : échanger une phrase.

Louise m’a donc envoyé ces mots :

« Elle avançait, aérienne, s’aventurant au loin sans se soucier de retour en arrière… »

 

 VaseCojanvier2013-allerarom

 

 

Et la phrase s’étire sous ses yeux.

Elle est partie sans fuir, rien ni personne, sans regrets. Elle a la certitude que le moment est venu. Elle n’aurait su dire quel avait été l’événement, l’incident, le petit fait de hasard qui l’avait poussée à  choisir cet instant précis.  Elle part enfin,  décidée, elle dont le pas  est  resté si longtemps suspendu entre son désir et  son manque de volonté.

Elle s’est longtemps  perdue dans le désordre des choses et de ses mots espérant y trouver ce qui pourrait s’écrire encore un peu.

Elle n’imagine pas le chemin qui va s’ouvrir, c’est inutile, elle laissera surgir la surprise des lieux et des rencontres. Ce qui la rend légère, ce sont ses chimères à terre, la chute de ses habillages mal ajustés, des semblants défaits.

Elle a claqué la porte derrière elle laissant la clé à l’intérieur puis elle a descendu les deux étages, sans bagages. Elle s’est dirigée vers la gare sans savoir quel train elle prendrait. Elle ne sait pas où elle arrivera, elle arrivera  nulle part parce qu’elle continuera son voyage , s’aventurant toujours un peu plus loin jusqu’à ce que quelqu’un l’attende au bout d’un quai : un amour de nulle part peut être.

                Lui s’est levé tôt  et s’est approché de la fenêtre pour regarder le monde, ce qu’il fait chaque matin dès son réveil. Il a besoin de se glisser dans le jour qui commence en scrutant le ciel et le passage des nuages. Il se laisse alors dériver avec eux.  Absorbé dans ses rêveries,  il ne prête aucune attention à la réalité  quotidienne qui  se déploie  lentement en bas, dans la rue.  Les choses se mettent en place : les services de nettoyage qui  passent, quelques livraisons rapides et bruyantes, un rideau de magasin qui se lève… Les personnages aussi prennent place dans le tableau du jour. La scène est prête.

Il doit se presser  s’il ne veut pas avoir à courir pour prendre le train comme cela lui arrive si souvent. Il lui faut un soupçon  de volonté pour ramener sa pensée à ces considérations temporelles. Avant de détourner  son regard  il aperçoit furtivement une femme qui remonte la rue. Ce qui le surprend et lui fait suspendre son mouvement c’est l’énergie qui se dégage de son allure. Il la suit des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse du cadre de la fenêtre.

« Elle avançait, aérienne, s’aventurant au loin sans se soucier de retour en arrière… »

Cette phrase s’impose alors  à lui au milieu de ses pensées : Il n’aurait su dire d’où  venaient ces mots, comme tombés sur lui. D’une lecture récente ou plus ancienne  ou  bien  est ce une phrase qui vient de se former spontanément ?  « … sans se soucier de retour en arrière. » Voilà que cette phrase lui disait mieux que n’importe quel discours ce qui l’avait toujours empêché de partir. Souvent ce sont des mots qui le plongent dans l’étonnement d’une découverte qui le concerne.

Il savait s’avancer bien sûr mais jamais sans retour en arrière, presque toujours empli de doutes et de regrets sur ses décisions et ses choix.  Dans tous les aspects de sa vie il avait toujours été plongé dans cet incessant va et vient qui l’avait  figé dans un désir incertain.  Il était déjà parti, prêt à s’aventurer,  pensant tout quitter mais il était toujours revenu. Il découvrait dans cette phrase  quelque chose de sa position dans le monde. « … sans se soucier…”. Il ne faisait que çà, se soucier non pas de ce qu’il pourrait découvrir de nouveau mais de ce qu’il pourrait ne pas retrouver ailleurs, autre part. Il ne savait faire vivre l’ailleurs que dans ses rêves. Il voulait qu’autre part ne soit pas un nulle part. Il voulait des assurances  sur les choses et les lieux, sur les événements et les rencontres.  Il ne pouvait envisager l’inconnu  et l’aventure que  pris dans les rets de ses rêves. Il préférait l’organisation illusoire du monde.

Il a du mal à croire que la vision de cette femme à l’allure légère et décidée  et les réflexions  auxquelles elles l’entrainent  soient prises dans un seul et même enchaînement. Il pense aussi que les femmes ont souvent l’air plus décidé, qu’elles s’avancent plus facilement, parfois même effrontément. Il aime ce trait féminin qui le rassure.

Et voilà que cette femme dans la rue venait de le mettre à l’épreuve d’une phrase, d’écrire quelque chose de lui.

Il est enfin prêt et  comme à l’accoutumée il doit courir. Le train qu’il doit prendre part dans quelques minutes. Par bonheur,  il habite  près de la gare. Il a l’habitude de faire ce voyage, ces aller retour entre deux villes.  Aller retour, aller retour, voilà bien ce qui ne va pas, le retour !  Revenir dans une incessante répétition toujours à la même place. C’est  ce qui lui arrive; les choses reviennent toujours à la même place: ses doutes, ses espoirs et ses enthousiasmes bruyants, ses angoisses épaisses  et les chagrins qui les chassent.

Maintenant il est arrivé  et installé à sa place dans le train.

 Il regarde partir celui d’à coté et croise le regard de la femme  aperçue ce matin dans la rue. Il sait que c’est elle parce que son image même furtive dans le petit  jour  s’est installée en lui en une phrase.

Et  sa phrase  s’étire sous ses yeux,  son écriture à lui.

Texte et photo  : Allerarome

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« Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. » Vases Communicants

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