Collaboration avec Aurélia Bonnal :
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Losers in Bars #1
Elle était là, ce matin-là, dans leur appartement. De son geste lent et soigneux, elle aplanissait la housse de couette sur leur lit, penchée en avant, et ses cheveux roux lui cachaient le visage. Sa jupe, dans ce mouvement, remontée, balançait son ourlet au-dessus du creux de ses genoux. Dans le rai de lumière qui barrait la pièce volaient ces minuscules paillettes de poussières qu’il passait des heures à observer quand il était enfant, cette poudre de perlimpinpin. (…)
Texte par Aurélia Bonnal
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Losers in Bars #2
L’odeur était épaisse, mélange de sueur, aisselles, pieds, sexuelle aussi, de nourriture périmée, régurgitée, d’alcool, aigre, forte, brutale, dans l’espace confiné, respiré jusqu’à l’étouffement, de cette chambre. Quand il étendit le bras, il faisait un froid horrible, mais il réussit à attraper par terre, à côté du matelas, et sans trembler trop, la bouteille ouverte de Jack Daniel’s. (…)
Texte par Aurélia Bonnal
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Losers in Bars #3
Il avait bavé sur son oreiller. Il se réveillait, l’oeil bouffi, au beau milieu de l’après midi. Il étendit ses jambes, se leva. Il portait un slip. Il se dirigea vers la psyché, se regarda, coiffa ses cheveux sur le côté de sa tête pour en masquer la calvitie importante. Il se caressa le torse, ensuite. Puis il enfila une chemise blanche, mais ne la boutonna pas, et un jean avec une ceinture. (…)
Texte par Aurélia Bonnal
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Losers in Bars #4
Ses collants, par terre, sur la moquette beige, traçaient en noir la lettre V majuscule sur le sol quand elle ouvrit les yeux. Victoire, encore une. La radio déversait les pronostics des courses, donnant les états de santé des chevaux, et elle sourit sur son oreiller, cheveux épars, dans sa migraine latente, Stella de la Notte favorite, quelle évidence. (…)
Texte par Aurélia Bonnal
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Losers in Bars #5
Il se ratissait le cuir chevelu à l’aide d’un peigne marron un peu poisseux, soigneusement rangeant de part et d’autre d’une raie ses courts cheveux. Du bout des doigts, ensuite, il lissa ses pattes, toujours se regardant intensément dans le miroir de l’armoire de toilette jaunie, en triple reflet, sous trois angles différents, ses deux profils et sa face, le néon en plein sur son teint gris. (…)
Texte par Aurélia Bonnal
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Losers in Bars #6
Debout sur le tapis, boîtes de carton colorées, légères, farandole infinie, immense, hallucinante. Face à ce ruban de nourriture surremballée se tenaient des silhouettes fantomatiques, blanches. Tous les quatre mètres, quatre êtres humains se penchaient, attrapaient une brassée de boîtes à hauteur de leur taille, la déposaient dans un carton à leurs pieds, se redressaient, recommençaient. La deuxième de ces formes, plus petite, tête dans les épaules, jetait alentour des regards, à gauche, puis à droite, toutes les trois à quatre brassées déposées. (…)
Texte par Aurélia Bonnal
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Losers in Bars #7
Les murs de la petite pièce, peints en noir, semblaient liquides à lueur d’une flamme, tandis que dans l’eau sombre elle reposait mollement, tenant dans sa main gauche, avec deux doigts, la tige torsadée d’un verre à pied à demi-plein. La lumière tremblotante accentuait encore la profondeur de ses orbites, les fissures des plis de ses bras, les rides en cascade concave entre ses deux seins. Elle avala d’un trait ce qui restait de son breuvage, rejetant la tête en arrière, dans un bruit de succion couvrant les clapotis du bain, et partit d’un rire de gorge qui monta en trilles dans les aigus. (…)
Texte par Aurélia Bonnal
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